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Le 18 mai, la dix-septième et dernière conférence du programme Aula Árabe Universitaria (AAU2) sera donnée par Youssef Seddik, écrivain et philosophe tunisien.
La conférence fut diffusée sur notre chaîne YouTube: https://youtu.be/uVjSzjLzKWw
Dans plusieurs de ses principaux ouvrages, Youssef Seddik souligne la contradiction qui existe entre la difficile lisibilité de la lecture du Coran, présenté comme céleste, et le fait qu'il commence précisément, selon ses gardiens, par l'ordre Iqra' (lire). Il affirme ainsi que ceux qui l'ont proposé à l'origine comme un "livre venant directement de Dieu" et, à ce titre, fondateur d'une nouvelle religion monothéiste, qui rassemblerait les deux précédentes, les rectifiant, les clôturant et les déclarant ainsi nulles et non avenues, n'ont fait que le "figer" dans un corpus uniquement "récitable". Dès lors, soutient-il, le contrat de lisibilité n'est plus compromis entre l'émetteur divin et les destinataires humains que nous sommes tous, mais entre ces derniers et les autorités, d'une part, " techniques " et, d'autre part, politiques, qui organisent ses codes de mise en écriture, puis sa diffusion dans l'espace écrit, puis son orientation sémantique, grâce à des règles exégétiques préétablies en fonction des partis pris du moment de sa constitution en livre. En d'autres termes, la complexité de la lecture du livre sacré est largement due à l'intervention humaine dans la forme écrite du message divin.
En ce qui concerne l'intervention de l'aspect "technique", selon Seddik, si l'on admet que sa mise par écrit était contemporaine du prophète, porte-parole du divin, il faut tenir compte du fait que : premièrement, les signes alphabétiques manquaient ensuite des points diacritiques qui, plus tard (deux générations après l'établissement de la Vulgate), devaient distinguer certaines lettres des autres (rien ne permet alors, par exemple, de différencier le b, le t, le y, le th, etc. ) ; que, d'autre part, il n'y avait pas non plus de signes de vocalisation, de sorte qu'il est impossible de décider de la fonction grammaticale de certains mots à l'intérieur de la phrase (on ne peut pas savoir si un mot à la morphologie uniquement consonantique est sujet ou complément) ; et, enfin, qu'il n'y avait pas non plus de ponctuation, ce qui ne permet pas d'apprécier la forme interrogative, affirmative ou itérative des phrases...
Pour Seddik, cependant, l'aspect "politique" est encore plus décisif, dans la mesure où l'ordre dans lequel les versets et les sourates ont été rendus, comme cela est communément admis, est différent de l'ordre chronologique dans lequel ces unités textuelles ont été reçues par le prophète et transmises oralement à l'écoute attentive et à la mémoire de son entourage. Cet ordre chronologique a été irrémédiablement perdu, ce qui, selon lui, génère toute une série de problèmes et de véritables apories et contradictions qu'il détaillera dans sa conférence.
Cette conférence, qui clôturera le cycle Aula Árabe Universitaria II, correspondant à l'année académique 2020-21, a été organisée en collaboration avec le master en sciences des religions de l'Université Complutense de Madrid (UCM). La session sera présentée par Mohammed Dahiri, professeur d'études arabes et islamiques à l'UCM, et sera modérée par Karim Hauser, coordinateur de politique internationale de Casa Árabe.
https://www.casaarabe.es/eventos-arabes/show/nueva-edicion-de-aula-arabe-universitaria#15082
Photo: Pedro Ribeiro Simões. Muslim theologist reading the Qur'an, paitend in the Orientalist style by Osman Hamd Bey, in Instambul Calouste Gulbenkian Museum, São Sebastião da Pedreira, Lisbon, Portugal.